Un regard tourné... vers la conception chrétienne de la Grâce

Dans la perspective théologique qui découle de l’Évangile de Jean, le summum de l’expression de la Grâce de Dieu est l'incarnation du Verbe divin, qui dans le Christ “se fait chair” (Jn 1,14) pour annoncer le salut, et permettre sa pleine réalisation en ceux qui L’accueillent.
Le Christ est la “personnification” de la Grâce (Jn 1,17), l’Amen définitif et immuable (Ap 3,14) déposé par Dieu sur son alliance avec l'humanité... la suprême expression de sa parfaite fidélité (Ap 19,11).

Les racines vétérotestamentaires de la Grâce divine

Depuis quelques étapes, nous observons l’importance primordiale que le terme “signe” a prise dans le Nouveau Testament – ainsi que, par conséquent, dans le langage théologique chrétien également - pour désigner les interventions miraculeuses que Dieu opère dans la vie des êtres humains.
Aujourd'hui nous nous arrêtons par contre sur un autre terme en rapport avec le Surnaturel, à savoir “Grâce”... vocable qui est, entre autre, très utilisé dans le langage populaire chez les croyants qui s’adressent au Seigneur pour Lui demander une grâce spéciale... et/ou pour Le remercier pour les grâces reçues.

Le "signe"... comme “signal” vers le but

Depuis que nous avons commencé à observer la fonction communicative des miracles opérés par Jésus et narrés par les Évangiles... nous nous sommes peu à peu toujours plus familiarisés avec le terme signe (en grec “semeion”), qui, mieux que tout autre, convient pour désigner cette fonction.

“Signe” est, en effet, le terme utilisé principalement par l'évangéliste Jean pour désigner les miracles de Jésus en tant que “signaux” qui indiquent quelque chose d’autre que leur manifestation matérielle... dans le sens où ils renvoient à une signification spirituelle particulière, en fonction de laquelle de tels signes ont été accomplis.

“Voir” le Signe divin (Jn 6,26)

Dans l’étape précédente nous avons mis en évidence que le signe divin laisse toujours à l’être humain, la liberté de croire ou de ne pas croire... et que, étroitement liée à cette liberté il y en a aussi une autre, à savoir, la liberté de voir, ou de ne pas voir, ce que le Seigneur veut effectivement nous montrer par son intervention divine.
À cet égard, un passage biblique très significatif se trouve dans l’Évangile de Jean, et plus précisément dans le discours que Jésus tient peu après avoir accompli le miracle de la multiplication des pains, quand Il s’adresse aux personnes qui ont bénéficié du miracle en leur disant : “vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés.” (Jn 6,26).

"Signe"... et liberté

Dans le cadre de notre parcours dans le Surnaturel, qui a exploré, dans les dernières étapes, le rapport entre le miracle et la foi, nous ouvrons à présent une parenthèse qui nous permet de nous arrêter sur l’aspect particulier de l'inviolabilité de notre liberté humaine, qui ne se trouve jamais forcée par l'intervention de notre Père.
En restant dans cette perspective... et en revenant par exemple aux aspects fondamentaux du miracle que nous avons pris en compte dans l’étape « Paroles "miraculeuses" dans le Nouveau Testament », nous pouvons en fait observer que :

a) Même si, en soi, l'aspect ontologique du miracle [désigné par les termes “erga” (œuvres transcendantes) et “dynamis” (acte de puissance)] s’impose, parce que “l’extraordinaireté” des interventions divines (qui se manifestent d’une manière qui dépasse les capacités humaines et/ou “l’ordinarité” des événements) entraîne inévitablement l’étonnement qui est contenu dans l’étymologie du mot “miracle” [du latin “mirari”, (admirer, s’émerveiller)]... dans tous les cas, il reste de toute façon à l’être humain la liberté de croire, ou de ne pas croire.... c'est-à-dire de reconnaître de tels événements extraordinaires comme des interventions divines ou, au contraire, d’attribuer leur extraordinaireté au hasard, ou peut-être même à d’hypothétiques causes naturelles inconnues pour l’instant.

b) Encore plus clairement "subordonné" à la liberté humaine vient ensuite l'aspect d’intentionnalité divine attribué au terme “sēmeion” (signe), parce que le "message" que Dieu veut donner avec le miracle est simplement proposé à l’être humain, qui a la possibilité de le reconnaître, ou de l’ignorer.

Les Signes divins en tant qu’ "appels" à la conversion intérieure

Arrivés à ce point de notre parcours, qui depuis quelques étapes se déroule dans les “territoires” des miracles relatés dans les Évangiles, nous avons désormais clairement compris comment la tâche primordiale des “signes” miraculeux opérés par Jésus est celle de constituer un appel à la conversion et à la foi... c'est-à-dire d’être des “rappels” destinés à instaurer un dialogue avec les personnes miraculées (ou témoins du miracle)... en les incitant à faire reculer les “règnes” de l’égoïsme humain, de manière à faire au contraire avancer ce “Règne de Dieu” qui apporte avec lui “pouvoirs et trésors” de l’esprit, parmi lesquels la charité, la rectitude, la compassion etc. etc.

Entre incrédulité et foi

Après nous être arrêtés un moment sur le “terrain” théologique de la foi en tant que cause du miracle, nous allons maintenant focaliser à nouveau notre attention sur la foi entendue au contraire comme son effet.
Cet effet est tout sauf acquis, comme on peut le constater par exemple dans les Évangiles, où il est possible de relever certaines des raisons classiques pour lesquelles l'être humain peut “faire de la résistance” au signe miraculeux en y répondant par l'incrédulité au lieu de la conversion intérieure... jusqu’à nier l'évidence pour fermer les “yeux” de la foi.
Parmi les composantes possibles d’une telle “ résistance ” il y a par exemple l'étroitesse d’esprit (Jn 9,39-41), qui se manifeste en ceux qui restent emprisonnés dans un traditionalisme incapable, par parti pris, d’accepter toute nouveauté divergeant du statu quo... même si le caractère divin d’une telle nouveauté peut pourtant être évident (cf. Jn 5,16; 9,16).
Dans d’autres cas, ce qui favorise l'incrédulité, ce sont des états d’âme habités par la peur et l’opportunisme : c’est ce qui ressort par exemple du passage où on lit que les chefs des prêtres et les pharisiens se préoccupent du fait que les signes accomplis par Jésus favorisent envers Lui un succès populaire socialement “déstabilisant”, qui risque de provoquer une intervention des Romains qui détruirait le Temple et la nation judaïque (cf. Jn 11,47 s).

La foi... en syntonie avec le Verbe divin

Lors des dernières étapes nous avons donc commencé à observer de près le rapport complexe entre miracle et foi, en suivant essentiellement le parcours suivant :
- Nous avons tout d’abord pris en considération “la foi comme cause du miracle”;
- Ensuite nous avons regardé le revers de la médaille, c'est-à-dire “le miracle comme cause de la foi”;
- Nous nous sommes aussi brièvement arrêtés sur le rôle joué par le “miracle pour raviver la foi”;
- Enfin, nous avons mis en évidence la condition intérieure particulière à laquelle il est possible d’aspirer, pour incarner en soi la “béatitude de la foi”... à savoir, la capacité de croire même sans avoir vu des signes (cf. Jn 20,29).

Si ce dernier aspect, c'est-à-dire la condition intérieure des “Bienheureux de la foi”, est donc le point d’arrivée vers lequel le croyant est appelé à se diriger… il est aussi vrai que, chemin faisant, la foi continue à juste titre de jouer aussi le “rôle” de “cause du miracle”... c'est-à-dire de moyen par lequel pouvoir demander à Dieu les aides surnaturelles qui s’avèrent nécessaires dans la vie du croyant.

La "Béatitude de la foi"

S’il est vrai... comme nous l’avons vu dans l’étape précédente... que dans certains cas Jésus opère les miracles pour raviver la foi... il est aussi vrai qu’une foi qui a nécessairement besoin des miracles pour “survivre”, montre qu’elle est une foi encore imparfaite.
Ce concept se trouve particulièrement mis en relief dans un passage très connu de l’Évangile de Jean, celui qui a pour protagoniste l'apôtre Thomas qui, à la différence des autres disciples, n’était pas présent à la première apparition du Seigneur ressuscité... et c’est justement pour cette raison qu’il ne les croit pas, quand ils lui disent “Nous avons vu le Seigneur!” (Jn 20,25).

Le "Signe" divin... qui ravive la foi

Lors des deux étapes précédentes nous avons commencé à relever la complexité du rapport entre foi et miracle, en observant comment dans certains cas la foi est la condition préalable indispensable du miracle... et dans d’autres cas c’est au contraire le miracle qui précède la foi, en l’éveillant.
Un autre aspect inhérent à ce rapport, est celui que nous prenons en considération aujourd'hui, et que nous pouvons comprendre si nous tenons compte de la caractéristique fondamentale de l'existence humaine, c'est-à-dire le fait qu’elle se déroule dans une succession d’expériences qui comportent, pour la personne qui les vit, la nécessité d’une actualisation dynamique et continue de sa condition intérieure.

Le Miracle... comme "cause" de la foi

Même si, comme nous venons de le voir, dans bon nombre des cas relatés par les Évangiles la “foi-confiance” des personnes nécessiteuses est l'indispensable condition préalable des miracles opérés par Jésus... dans d’autres cas les “rôles” de ce rapport binaire s’inversent... car ce sont les miracles opérés par Lui qui exercent la fonction d’éveiller la foi dans les personnes qui sont bénéficiaires et/ou témoins de son intervention divine.
Il suffit de penser à certains “signes” opérés par Jésus et relatés par l'évangéliste Jean, comme par exemple le miracle de la transformation de l'eau en vin aux noces de Cana, par lequel “Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.” (Jn 2,11), ou la résurrection de Lazare, à la suite de laquelle “Beaucoup de Juifs qui étaient venus auprès de Marie et qui virent ce que Jésus avait fait crurent en lui” (cf. Jn 11,45).

« Ta foi t’a sauvé » (Mc 10,52)

Nous sommes parvenus depuis peu, dans notre parcours dans le Surnaturel, à prendre en considération la fonction communicative du miracle, c'est-à-dire le message religieux qui y est contenu... en nous arrêtant sur un cadre conceptuel où nous avons mis en évidence le miracle comme partie, également, du langage symbolique à travers lequel Jésus a communiqué à l'humanité la Réalité transcendante de son Père, qui est aussi notre Père.
Ce faisant, nous avons aussi créé les prémisses pour pouvoir maintenant focaliser notre attention sur le rapport entre le miracle et la foi parce que, évidemment, sans la foi le croyant ne pourrait pas saisir pleinement la signification spirituelle/symbolique de la manifestation miraculeuse par laquelle Dieu intervient dans sa vie.
Pour commencer à observer de près ce rapport basal entre miracle et foi, il faut cependant partir de la mise en évidence que le rôle de la foi ne peut certes pas être réduit à une sorte de  “décrypteur”, a posteriori, de la signification spirituelle communiquée par le miracle.

Swami Roberto... et ma première fois à son Darshan Sacré

Tout de suite après avoir abordé le thème du “voir... qui voit au-delà”... j’en viens tout naturellement, aujourd'hui, à rouvrir une parenthèse nettement personnelle de mon voyage, comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire il y a quelque temps, quand je vous ai parlé de l’événement miraculeux qui a profondément marqué  ma vie intérieure (cf. “Swami Roberto... et mon "face à face" avec le Surnaturel”).
Le fait que mon papa, à qui les médecins n’avaient pas donné plus de deux ou trois mois à vivre, se soit miraculeusement remis grâce à l'intervention de Swami Roberto, a été une expérience qui m’a amené à remettre en cause beaucoup de mes “certitudes” rationnelles sur lesquelles s’était jusqu’alors appuyée mon existence, parce que la science... qui jusque-là avait été mon “dieu”...  s’était tout à coup, et de manière spectaculaire, révélée “toute petite”, absolument incapable d’expliquer cet extraordinaire rétablissement de mon papa, que j’avais personnellement constaté.

Le "voir"... qui voit au-delà

Au cours de notre voyage, nous sommes parvenus il y a peu à mettre en évidence que les miracles opérés par Jésus adviennent toujours pour une raison bien précise, qui répond à la nécessité intérieure précise de la personne qui en est directement bénéficiaire ou aussi, éventuellement, des personnes qui sont témoins de son intervention divine (cf. Par Volonté divine... et non "sur commande").
Ce principe présuppose évidemment un “canal” de connaissance surnaturelle grâce auquel le Christ "voit" la situation intérieure de l’être humain... et en vertu justement de cette connaissance supérieure, Il intervient selon les modalités et les temps opportuns... pour donner son aide miraculeuse.

Un cas exemplatif

Pour nous concentrer davantage sur l'aspect dont nous nous sommes occupés dans l’étape précédente, c'est-à-dire le fait que les miracles divins ne sont certainement pas accomplis “sur commande” (donc sur “ordre” d’un simple être humain), mais seulement dans la mise en œuvre de la suprême et parfaite Volonté de notre Père... il nous est utile à présent de nous rappeler le passage de Matthieu (16,1-4) où les pharisiens et les sadducéens s’approchent de Jésus “pour Le mettre à l’épreuve”, et Lui demandent de leur montrer “un signe du ciel”.
Le Rabbi de Nazareth repousse cette demande en qualifiant ses interlocuteurs par la dure expression de “génération méchante et adultère” parce que, évidemment, en Lui demandant ce signe qui L’accréditerait comme envoyé de Dieu, ils ont une intention qui n’est certainement pas le fruit d’une sincérité et d’une bonté d’âme.

Par Volonté divine... et non "sur commande"

Comme nous l’avons vu dans les étapes précédentes, les miracles accomplis par Jésus dans différentes situations, remplissent des fonctions d’attestation de son identité divine, de libération du mal et de communication de son message.
Le Christ n’accomplit aucune intervention prodigieuse qui se situerait en dehors de cet éventail de significations, et c’est dans cette perspective qu’il est possible de comprendre la manière dont Il répond à quiconque Le sollicite pour des actions miraculeuses sur la base de différentes motivations… comme celles qui, par exemple, entrent dans les attentes des incrédules qui prétendraient à de rassurantes preuves surnaturelles destinées à “faciliter” leur foi (Jn 2,18-19; 4,48)... des adversaires religieux qui voudraient Le provoquer (Mt 12,38; 16,1-4)... ou encore de ceux qui voudraient Le pousser à faire des miracles pour Lui-même, au lieu de les faire pour le bien des êtres humains (Mc 15,29-32).

La dimension symbolique du miracle

Dans cette phase de notre voyage, où nous sommes en train de pénétrer dans la fondamentale “fonction communicative du miracle”, nous passons à présent par le focus sur le concept du “symbole” (en grec sýmbolon), terme qui dérive du verbe grec symbállein (“mettre ensemble”, “accoster”) et qui, du point de vue étymologique, est en opposition au terme diábolos (qui signifie littéralement “celui qui divise”).
Dans le sens religieux, le symbole indique quelque chose appartenant à la réalité sensible...  qui renvoie à quelque chose d’autre, appartenant à la réalité spirituelle-transcendante... et développe donc la fonction de "mettre ensemble" temps et éternité, relatif et absolu, limite et perfection... créant ainsi un trait d'union entre la réalité concrète et expérimentable dans laquelle nous nous trouvons, et la dimension transcendante.

Les miracles de Jésus... et leur fonction de "communication"

Après avoir commencé à approfondir la signification des miracles accomplis par Jésus, en mettant d’abord en évidence leur "fonction d’attestation" et aussi, ensuite, leur "fonction de libération du mal"... prenons en considération, à présent, leur fonction communicative qui, des trois, est la plus importante.
En effet, même s’il s’agit de fonctions liées et présentes simultanément, la raison d’être fondamentale de ces événements miraculeux narrés par les Évangiles est d’éveiller dans les bénéficiaires la stimulation pour raviver le dialogue avec Dieu et pour faire mûrir un fructueux changement intérieur tourné vers le salut.

Les miracles de Jésus... et leur fonction de "libération du mal"

Dans l’étape précédente nous avons vu qu’une première fonction des miracles opérés par Jésus est celle d’attester qu’Il est le Fils envoyé par le Père, né sur cette terre pour que commence l’ère messianique annoncée par les prophètes et donc, pour rendre concrètement présent le salut divin.
En ce sens, les récits des Miracles néotestamentaires sont alors compris comme “signes” de l'avènement de ce salut prophétiquement promis pour les temps messianiques... un salut que, par ailleurs, les miracles de Jésus non seulement proclament, mais effectivement réalisent, parce qu’en Lui se manifeste la puissance divine qui, comme en témoignent par exemple les Évangiles, guérit de la maladie en “sauvant” de la mort physique.

Les miracles de Jésus... et leur fonction "d’attestation"

Comme nous l’avons vu en parcourant l’étape « Paroles "miraculeuses" dans le Nouveau Testament », les deux termes grecs qui mettent en évidence, dans les Évangiles, la causalité divine, c'est-à-dire ce que l’on appelle l’ "aspect ontologique" du miracle – le désignant clairement comme un fait surnaturel qui ne peut pas être accompli par les êtres humains - sont erga (œuvres transcendantes) et dynameis (actes de puissance).
Par exemple, dans le quatrième Évangile, Jésus se réfère à ses miracles en les définissant comme les “œuvres [erga] que nul autre n’a faites” (Jn 15,24), et justement, ce caractère transcendant de ses “œuvres” - par rapport à toute action possible par les êtres humains – se trouve évoqué par Lui comme preuve de son identité divine : 
“Croyez-moi : moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi. Sinon, croyez à cause des œuvres [erga] elles-mêmes.” (Jn 14,11).

Un premier regard d'ensemble sur les miracles de Jésus

En jetant un premier regard d'ensemble sur les faits miraculeux opérés par Jésus et narrés par les Évangiles, nous pouvons tout de suite nous rendre compte qu’il s’agit, dans la majorité des cas, d’œuvres miséricordieuses au bénéfice de ceux qui souffrent… avec une attention particulière envers ceux  qui se trouvent dans les conditions socialement les plus défavorisées.
Les miracles de Jésus sont, en substance, des actes d’amour par lesquels Il communique les contenus de son message et, dans ces diverses occasions, le Christ exprime de différentes manières son amour miséricordieux pour l’être humain... qu’Il veut amener à “guérir” son rapport avec Dieu.
C’est dans cette perspective que, par exemple, les miracles de guérison par lesquels Jésus fait recouvrer l’ouïe aux sourds et la vue aux aveugles, sont aussi lus comme des “signes” adressés à leur intériorité, afin qu’ils recouvrent pleinement la capacité spirituelle d’ “entendre” et de “voir” le Seigneur.

Paroles "miraculeuses" dans le Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament, les principaux termes grecs utilisés pour désigner le miracle, sont “dynamis” (acte de puissance), “erga” (œuvres transcendantes), “teras” (prodige), “sēmeion” (signe).
Comme nous l’avons déjà fait dans le post «Paroles "miraculeuses" dans la Bible hébraïque», dans ce cas aussi nous pouvons esquisser une distinction basique entre de telles “paroles miraculeuses” utilisées dans le Nouveau Testament, en prenant comme référence la classique tripartition qui identifie, dans le miracle biblique “un prodige religieux (aspect psychologique : point de vue du spectateur ou du témoin), une œuvre de puissance (aspect ontologique : point de vue de la cause qui le produit), un signe envoyé par Dieu (aspect sémiologique : compréhension d’intentionnalité)” (cf. Latourelle, R., Miracles de Jésus et théologie du miracle, Montréal, Ed. Bellarmin, 1986).

Une fenêtre sur l'évolution historique de la conception du miracle

Dans cette phase de notre parcours dans le Surnaturel, nous nous apprêtons à laisser momentanément de côté la conception “ordinaire” du miracle que nous avions revisitée à partir de l’étape « Le “miracle” dans la tradition hébraïque »… pour focaliser notre attention uniquement sur le miracle entendu dans son acception “extraordinaire”, obligés en cela par le fait que nous sommes sur le point d’orienter notre regard sur les signes miraculeux, évidemment extraordinaires, opérés par Jésus au cours de son ministère public.

"Ordinarité" et "extraordinaireté" du miracle

Lorsque nous avons parcouru l’étape « Le "miracle" dans la tradition hébraïque », nous avons revisité la conception vétérotestamentaire qui reconnaît aussi comme miraculeuse l’action accomplie par Dieu dans les habituels processus naturels, la preuve en est que la Tōrāh se réfère  parfois à des phénomènes cosmiques en faisant usage de certains des termes que nous avons rencontrés dans l’étape « Paroles "miraculeuses" dans la Bible hébraïque », comme “gedulôt” (en gr. megaleia “choses grandes”) et niphla’ōt (en gr. Thaumasia, “merveilles du Seigneur”).
C’est là le principe théologique qui est aussi rappelé, par exemple, dans un verset du dernier livre de l’Ancien Testament, le Livre de la Sagesse, dans lequel nous lisons : “la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur.” (Sg 13,5).

« Vous ne tenterez pas le Seigneur, votre Dieu » (Dt 6,16)

Depuis quelques étapes nous revisitons, sous différents angles, la conception biblique du miracle... et il est donc clair pour nous, à présent, que sa caractéristique principale n’est pas tant la "prodigiosité" d’un événement déterminé, que le fait, par contre, qu’en lui soit reconnaissable  un message extraordinaire que Dieu veut communiquer à l’être humain… par rapport auquel l’exceptionnalité de l’aspect phénoménal passe au second plan.
Un aspect théologique supplémentaire de la question-miracle, est mis en évidence par un célèbre avertissement contenu dans le Deutéronome: “Vous ne tenterez pas le Seigneur, votre Dieu” (Dt 6,16).

Circonstances temporelles prodigieuses

Nous venons juste de voir comment, dans la perspective biblique que l’on rencontre dans les pages de l’Ancien Testament, le miracle est un acte de Dieu qui peut aussi être reconnu dans le déroulement ordinaire des événements naturels.
Ce qui révèle la “miraculosité” des actes divins, c’est toujours, et dans tous les cas, le regard religieux qui, sur la base de deux “coordonnées fondamentales, identifie de tels actes en tant qu’actions par lesquelles Dieu entre en dialogue avec l’être humain.
La première de ces deux coordonnées est celle que nous venons juste de mettre en évidence, constituée par le champ des phénomènes naturels dans lesquels l’acte de puissance divine devient manifeste… tandis que la seconde est constituée par le déroulement de l’histoire d’Israël, dans laquelle on peut distinguer des “circonstances” temporelles qui, dans leur particularité, peuvent se présenter en tant que signes de l’action providentielle de Dieu.

Le "miracle" dans la tradition hébraïque

Après avoir jeté un coup d’œil sur les faits miraculeux narrés dans le livre de l’Exode, traditionnellement considérés comme les événements fondateurs de l’histoire du salut dans la Bible, nous pouvons à présent esquisser un premier “portrait” du miracle en utilisant les “couleurs” théologiques fondamentales puisées dans la “palette” qui nous est fournie par la tradition hébraïque.
En même temps que ces événements fondateurs (qui, en latin, allaient être ensuite rebaptisés “Mirabilia Dei”), sont aussi considérés comme miracles, dans l’Hébraïsme, certains autres événements particuliers qui se présentent en tant qu’action insolite de Yahvé, son œuvre puissante qui suscite l’émerveillement et qui s’inscrit dans son plan providentiel pour le salut du “peuple de l’alliance… mais pas seulement.
Dans la conception religieuse hébraïque est aussi considéré comme miraculeux le fait que Yahvé, après avoir manifesté la création (Cf. Gn 1,1ss), la renouvelle ensuite continuellement, de jour en jour, de manière à ce que le monde continue à exister… tout comme est miraculeux l’incessant “souffle” de la vie que Dieu insuffle dans le corps de l’être humain et de chaque être vivant (Cf. Le “Souffle vital” de la Rûah).

Swami Roberto... et mon "face à face" avec le Surnaturel

Dans le cadre de mon voyage, j’ouvre aujourd'hui une parenthèse pour vous raconter un moment de mon passé que je ne pourrai jamais oublier... c'est-à-dire le jour où, il y a plus de trente ans, je me suis rendu chez le médecin de mon village pour connaître le résultat des examens qu’avait dû subir mon papa Vasco, car durant les semaines précédentes il avait été pris d’une toux persistante et se trouvait physiquement dans un état de dépérissement général.
En attendant la réponse médicale, ma maman avait demandé de l’aide à Swami Roberto, et avait reçu cette réponse :
“Le médecin vous dira qu’il n’y a plus d’espoir, que la masse tumorale a attaqué les deux poumons et qu’on ne peut l’opérer, qu'il ne reste à Vasco plus que deux ou trois mois à vivre… mais vous, ne vous résignez pas ! Unissez-vous à mes prières et vous verrez qu’il se remettra et qu’il pourra retourner travailler dans ses champs”.

Les "Merveilles de Dieu", dans la perspective du Livre biblique de l'Exode

Dans l’ensemble de l’histoire religieuse du peuple hébreu, il y a deux périodes en particulier qui sont nettement caractérisées par la présence d’interventions divines extraordinaires, au moyen desquelles Yahvé manifeste sa bénévolence dans ses rapports avec le peuple hébreu.
Il s’agit respectivement de la période de l'Exode, (XIIIe s. av. J.-C. env.) au cours de laquelle Dieu-libérateur œuvre de manière directe... et celle du temps d’Élie et d'Élisée (IXe-VIIIe s. av. J.-C. env.), pendant laquelle Il œuvre à travers les prophètes.
Si nous focalisons notre regard sur le Livre de l'Exode, nous pouvons remarquer que la caractéristique des miracles qui y figurent « n’est pas de suspendre les lois de la nature, mais de manifester avec intensité la présence de Dieu parmi son peuple. La valeur du miracle ne se trouve alors pas dans son caractère surprenant ; des faits tout à fait normaux, s’ils sont chargés de sens peuvent être miraculeux ». (Cf. Maurice Carrez, Grande Dizionario delle Religioni, Cittadella Editrice, Assisi 1990, p.1349).
Dans l’ancien Israël biblique l’événement “miraculeux” est en effet considéré comme tel non parce qu’il enfreint les "lois de la nature" (qui sont un concept scientifique moderne, et non pas biblique), mais parce qu’il exprime des caractéristiques qui le font reconnaître comme une intervention de Dieu qui s’intègre de façon “merveilleuse” dans le cours de la nature et du temps, produisant d’évidents effets providentiels en faveur de la communauté à laquelle est destiné l’événement miraculeux.

Paroles "miraculeuses" dans la Bible hébraïque

Pour pouvoir revisiter la plus ancienne conception biblique de miracle, il faut avant tout combler une distance terminologique parce que ce mot, dérivant du latin miraculum, n’a pas de terme qui lui corresponde littéralement en hébreu ou en grec.
Par conséquent, il est nécessaire d’identifier les paroles bibliques qui ont été utilisées par les différents auteurs vétérotestamentaires pour décrire les faits merveilleux attribués à une intervention spéciale de Dieu, en prêtant attention, ensuite, à la manière dont ces paroles ont été utilisées.