Dans la théologie du Lógos, Dieu se révèle aussi aux “païens” par les “semences” du Verbe

Après être entrés, lors de l’étape précédente, dans le concept chrétien de Révélation divine contenu dans le quatrième Évangile, nous pouvons à présent y mettre en évidence un aspect particulier relatif au Verbe, qui depuis le commencement “était avec Dieu” (Cf. Jn 1,2), et s’est manifesté en tant que Vie et Lumière (Cf. Jn 1,4) avant même son incarnation en Jésus de Nazareth.
Dans la perspective christologique qui provient du message théologique johannique, le Lógos-Christ n’est en fait pas seulement le Verbe qui s’incarne en Jésus (“Lógos énsarkos”) pour mener à terme la Révélation encore partielle transmise par Moïse à son peuple (Cf. Jn 1,16-18)… mais il est aussi le Christ préexistant (“Lógos ásarkos”), divin médiateur dans l’ordre de la création et du salut, présent en chaque élément de l’univers auquel, depuis l’aube des temps, Il donne mouvement et vie.
Ce sont là les bases théologiques sur lesquelles, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, ceux que l’on appelle les “Pères apologistes” ont développé une théologie du Lógos dans laquelle ils Le présentaient comme la “raison séminale” de toute chose, reconnaissant aussi, par exemple, son action sur les sages de l'antiquité, en dehors de la tradition biblique… établissant ainsi un pont idéal de liaison avec le « lógos spermatikós de la théorie stoïcienne, c'est-à-dire avec la raison “séminale” ou principe “actif” (poioûn) du cosmos qui, en fécondant la matière inerte et sans qualité la rend capable de générer » (Cf. Encyclopédie de la Philosophie/Garzanti, Paris, Librairie générale française, 2002).
Cette “affinité” conceptuelle a permis d’instaurer un “pont” de communication entre le message chrétien et le monde païen, comme l’a fait par exemple Justin de Naplouse, philosophe grec converti au Christ et devenu ensuite l’un des plus célèbres Pères de l’Église, qui parlait des “semences du Verbe” pour désigner le Lógos implanté en tout être humain, qu’il a nommé Lógos spermatikos, ou Lógos seminale (Cf. Justin, Apol. II 8,3 et 13,3).
Justin s’inspirait de Jn 1,9 pour affirmer que tous les hommes participent au Verbe de Dieu et en déduire, par conséquent, que tous ceux qui “ont vécu selon le Verbe sont chrétiens” (Cf. Justin I Apol., 46).
Dans sa vision théologique, Justin admettait que la vérité pouvait même être connue en dehors de la Révélation biblique, de la part de ces “païens” qui... possédant eux aussi le “lógos spermatikòs” (ou “raison séminale” pourrait-on dire, entendue en fait comme une “portion” du Lógos-Christ)... avaient pu pressentir des "fragments" de vérité.
Selon cette conception (que l’on rencontre aussi, parmi les Pères grecs, chez Athénagore et Clément d’Alexandrie), Dieu avait donc parlé à l’humanité non seulement grâce à la Révélation biblique, mais aussi à travers les meilleurs philosophes du paganisme, qui avaient pu élaborer des formulations philosophiques véridiques (même si elles étaient encore partielles) et, en tant que telles, compatibles avec la vérité de la Révélation biblique.
À travers ce pont de communication entre la Révélation chrétienne et la pensée philosophique grecque, nous pouvons aussi, à présent, nous approcher du concept théologique de “loi naturelle”, que nous aborderons dans la prochaine étape.

Pistes d’approfondissement :
- Christ... Vie cosmique; Question vitale (Sur mon blog « Journal d’un moine, disciple de Swami Roberto »)
- La preesistenza di Cristo (Sur mon blog en italien “Sui Sentieri del Vangelo di Giovanni”)



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