« L’Esprit de la vérité vous conduira dans toute la vérité » (Jn 16,13)

Dans la perspective chrétienne, la Révélation divine doit-elle être envisagée comme fermée, ou ouverte ?
L’Esprit Saint a-t-il déjà dit tout ce qu’Il avait à dire ou est-Il encore en train de parler ?
Au cours des siècles ont été données, à ces questions fondamentales, diverses réponses “confessionnelles”, dont certaines ne tiennent pas compte, toutefois, d’une réalité qui semble évidente au moment où on observe comment… après l'existence terrestre de Jésus... tant dans la communauté paulinienne que dans la communauté johannique, la Révélation divine a continué à s’exprimer à travers de nouveaux prophètes, auxquels était accordée une importance qui les situait juste après les apôtres.
Les "fondamentaux" théologiques de cette réalité sont clairement exprimés dans certains passages du Nouveau Testament :
Par exemple dans le quatrième Évangile, dans ce que l’on a appelé les “discours d’adieu”, Jésus avait annoncé : "Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit" (Jn 14,26).
Ceci implique clairement qu’il y aurait eu ensuite des chrétiens qui, en accueillant en eux l’action de l’Esprit, seraient devenus des instruments à travers lesquels ces paroles auraient pu s’accomplir et, en effet, les communautés johanniques se sont organisées en groupes caractérisés par une forte empreinte prophétique, dans lesquels les nouveaux prophètes confirmaient et interprétaient le message de Christ... mais pas seulement...
Le Jésus johannique avait aussi souligné que ses disciples n’étaient pas en mesure de “porter le poids” de “toute la vérité” et, par conséquence, Il avait prophétisé la nécessité d’une autre phase de Révélation, qui allait avoir lieu par l’intermédiaire de l’évènement de l’ “(Esprit de Vérité) [qui] vous introduira dans la vérité tout entière ; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu'il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir.” (Cf. Jn 16,12-13).
Un horizon théologique analogue est aussi présenté dans certains passages des lettres pauliniennes dans lesquelles, par exemple, l’ “apôtre des gentils” [des païens]” s’adresse ainsi aux Corinthiens : “Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur” (1Cor 14,37).
Ces paroles montrent que Paul conçoit le prophète comme celui qui peut recevoir une Révélation directement de Jésus élevé au ciel, ainsi que le relève, par exemple, le Prof. Mauro Pesce, bibliste, dans son commentaire du passage de 1Cor 14,37 : « Ceci signifie que le prophète a la possibilité de savoir si un précepte est, ou non, du Seigneur (Jésus) et le fait que Paul (se réfère à) la capacité prophétique et pneumatique signifie qu’il pense que c’est justement sur la base de cette capacité que le prophète, ou le pneumatique [celui qui grâce à l’esprit ou pneuma divin, connaît l’action de Dieu] peut savoir si un précepte est de Jésus. En somme, la condition préalable est que les prophètes des communautés pauliniennes aient des révélations directes du Seigneur.» (M. Pesce, “Da Gesù al cristianesimo”, Brescia, Ed. Morcelliana, 2011).
Cette pertinence acquise par l'élément prophétique au sein des premières communautés chrétiennes, conférait donc à la Révélation divine une “ouverture” destinée non seulement à se rappeler et à interpréter correctement ce que Jésus avait dit (Cf. Jn 16,12)… mais aussi à recevoir prophétiquement du Seigneur les révélations nécessaires pour faire face aux nouvelles problématiques et sollicitations qui, au cours du temps, viendraient à être dictées par la mutation des situations historiques et sociales que les chrétiens, au fur et à mesure, auraient à affronter.


Pistes d’approfondissement :
“Profeti dopo Cristo” (sur mon blog en italien “Sui sentieri del Vangelo di Giovanni”).




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