« Ta foi t’a sauvé » (Mc 10,52)

Nous sommes parvenus depuis peu, dans notre parcours dans le Surnaturel, à prendre en considération la fonction communicative du miracle, c'est-à-dire le message religieux qui y est contenu... en nous arrêtant sur un cadre conceptuel où nous avons mis en évidence le miracle comme partie, également, du langage symbolique à travers lequel Jésus a communiqué à l'humanité la Réalité transcendante de son Père, qui est aussi notre Père.
Ce faisant, nous avons aussi créé les prémisses pour pouvoir maintenant focaliser notre attention sur le rapport entre le miracle et la foi parce que, évidemment, sans la foi le croyant ne pourrait pas saisir pleinement la signification spirituelle/symbolique de la manifestation miraculeuse par laquelle Dieu intervient dans sa vie.
Pour commencer à observer de près ce rapport basal entre miracle et foi, il faut cependant partir de la mise en évidence que le rôle de la foi ne peut certes pas être réduit à une sorte de  “décrypteur”, a posteriori, de la signification spirituelle communiquée par le miracle.
Dans ce rapport fondamental “de couple”, la foi joue en effet un rôle bien plus important, comme nous pouvons  le déduire des nombreux passages des Évangiles dans lesquels Jésus désigne justement la foi comme la condition préalable nécessaire au miracle.
La preuve en est que, dans certains cas, c’est justement le manque de foi qui inhibe le pouvoir miraculeux de Jésus, comme on peut le relever par exemple dans le passage où, à Nazareth “il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité.” (Mt 13,58)... et où le terme “leur” se réfère aux habitants de son village qui connaissent Jésus comme le “fils du charpentier” et, pour cette raison, n’ont pas foi en Lui.

De nombreux autres passages des Évangiles pourraient être pris en considération pour souligner comment, à d’autres reprises, Jésus désigne clairement la foi initiale du croyant comme la condition préalable du miracle que celui-ci peut recevoir... comme cela se produit, par exemple, à la sortie de Jéricho quand Jésus rencontre un aveugle qui Lui demande de recouvrer la vue, et qu’Il le guérit miraculeusement en lui disant : “Va, ta foi t'a sauvé” (Mc 10,52)... sans parler ensuite des guérisons opérées par Jésus au bénéfice du paralytique (Mc 2,5), du serviteur du centurion (Mt 8,10; Lc 7,9), de la fille de la Cananéenne (Mt 15,28), de la femme atteinte d’hémorragie (Mc 5,34).
En observant tous ces épisodes dans un regard d’ensemble, on peut cependant relever que la foi de ces miraculés n’était pas de nature “doctrinale”, c'est-à-dire que ce n’était pas une foi qui reconnaissait spécifiquement le Messie en Jésus, Fils de Dieu envoyé sur terre.
Il s’agissait, au contraire, d’une “foi-confiance” adressée à la personne de Jésus, reconnu en tant que porteur d’une puissance surnaturelle capable de sauver du mal... sans cependant que cette  disposition initiale confiante à son égard implique aussi, nécessairement, de devoir croire, au sens “théologico-doctrinal”, à certains aspects de son identité divine. Et justement, cette foi-confiance “générique”, exempte des connotations théologico-doctrinales, peut donc être considérée comme la première et indispensable condition préalable de ce type de miracles qui, pour pouvoir être accomplis requièrent – précisément – un assentiment initial de la liberté humaine de la part de la personne qui prend la décision de “croire” dans les facultés thaumaturgiques de Jésus... parce qu’elle “a confiance” de pouvoir recevoir de Lui une aide surnaturelle.
Puis, après que le Christ, à travers le miracle, a établi un dialogue avec le bénéficiaire... arrive alors la phase suivante, lors de laquelle peut se greffer dans le croyant une foi plus mature, orientée aussi dans un sens théologico-doctrinal :
Cette foi se développe quand la personne miraculée est capable d’aller au-delà du prodige en soi, en se disposant à saisir le message contenu dans le miracle... à s’interroger... à pouvoir reconnaître l'identité divine de Celui qui a opéré le miracle, comme nous le verrons mieux dans l’étape appropriée.



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